Histoire d’un vol-bivouac (pas) dans le Vercors

Ce jeudi, les plans sur la comète pour ce long weekend ne manquent pas. Il faut dire qu’il pleut depuis des semaines, et on semble enfin avoir quelques jours plutôt sympas donc tout le monde veut en profiter.

Daniel lance une idée de vol bivouac. Aucun plan de bien figé, quelques idées se profilent, mais il faut voir les conditions. L’idée c’est d’abord de monter l’équipe, et après on avise ensemble. C’est pas évident d’ailleurs, le mieux est toujours d’avoir un niveau homogène et des envies similaires, de ne pas être trop nombreux parce que se suivre en l’air n’est jamais simple, mais on a trouvé : les deux Thomas sont là, Vince, Hubert, et David, qui nous rejoint en court de route !

La planification

On se retrouve chez Daniel le vendredi matin, pour voir ce qu’on veut faire. L’idée c’est d’avoir un plan principal, mais de prévoir un plan de repli en cas de sur-développement annoncé en fin de journée, ou même si le groupe se sépare en l’air, pour se retrouver le soir.

Ça sera donc un déco d’Aiguebelette en début d’après midi, une descente de la Chartreuse jusqu’à la Grande Sure, et on transitera sur le Vercors pour continuer par les faces Ouest et essayer de poser sur le plateau, vers Villard-de-Lans. Comme ça le lendemain on décolle en face Est du Vercors, et on rentre à Chambéry (ou plus si affinité). En cas de soucis (si on a déjà perdu trop de monde, si ça sur-développe…), on peut envisager de s’arrêter en Chartreuse pour repartir de l’un des sommets le lendemain. On a nos plans A et B, c’est parti !

Premier vol, déco d’aiguebelette direction le Sud !

C’est parti pour le déco, avec une petite marche d’approche pour se mettre en jambe. On est en forme malgré les sacs de 18 à 25 kg !

On joue à Tetris sur le déco pour que tout rentre dans les sellettes et ne soit pas inconfortable en vol, et on est en l’air ! La masse d’air est sympa, ça monte bien, mais pas très haut (1600m). C’est largement assez pour avancer vers le Sud ! On passe le Grêle, le Beauvoir, on transite sur la Pointe du Frou. On avance plutôt groupé malgré un point bas de Hubert vers Bandes et un jeté de viande vraiment pas haut de Vince sur la pointe du Frou. Pas la peine de se presser les gars ! Le but c’est d’avancer ensemble et loin, pas vite ! On perd d’ailleurs David qui vache sous la pointe du Frou et qui va se faire un bivouac en Chartreuse.

On arrive tous sur la Grande Sure, et là ça monte bien : on fait de beaux plafonds dans les nuages à 2100m pour certains, c’est parti pour le Vercors ! On est plutôt confiant, jusque là tout va bien ! Jusque là…

On transite sur la Dent de Moirans, ça reprend bien, mais c’est moins évident. On sent bien plus l’Ouest qui est plutôt SO ici, et qui couche les thermiques. Certains sortent un 1700m, ils avancent. Mais la suite est moins simple : on butte contre le vent, ça couche les thermiques, c’est pas évident d’avancer… Après quelques minutes, on se retrouve tous posé autour de St-Quentin-sur-Isère. On avait pas prévu ça dans nos plans… Oups !

On se regroupe, on n’est qu’à quelques kilomètres les uns des autres au bord d’une départementale. Réunion d’équipe ! Il faut essayer de se dessiner un plan pour le lendemain. Là on est en face Ouest, aucune face Est n’est atteignable à pied, il va falloir ruser… On joue de l’appel à un ami, on regarde les cartes, on voit ce qu’on peut faire, on cherche l’idée lumineuse…

Finalement, on décide de se diriger vers St-Laurent-du-Pont en stop, au pied de la Grande Sure. C’est un peu un retour en arrière, mais ça nous permet de remonter au Charmant Som le lendemain matin, et d’assurer un retour tranquillement. Une option de monter en stop dans le Vercors était envisageable, mais la transition Vercors-Chartreuse le lendemain matin n’est pas toujours évidente (surtout l’arrivée sur Grenoble avec très peu de vaches, ça fait peur…), et tout le monde ne se sent pas chaud de faire ça.

S’en suit un jeu de course en stop effrénée à la Pékin Express pour se retrouver le soir à St-Laurent-du-Pont tous ensemble et planter le bivouac à côté d’une chapelle qui surplombe le village.

Bon, on avoue… On a troqué deux trois lyophilisés contre quelques kebabs du village… C’est pas très bivouac, mais ça passe bien quand même !

Deuxième jour, déco du Charmant Som

C’est reparti pour une petite épreuve de stop depuis Saint-Laurent-du-Pont, en direction du Charmant Som. Il y a une route qui monte quasiment au sommet, donc l’idée c’est d’essayer de monter tout là haut ! Avec 20kg sur le dos, on ne crache pas sur cette solution… Au pire on marchera, mais dans le doute, on fait du stop !

Le stop fonctionne vraiment bien, on se retrouve tous au parking du sommet autour de 10h, parfait !

La Chartreuse est déjà très bien allumée dès 11h, c’est impressionnant ! D’ailleurs ça passe pas mal de sommets à l’ombre, dont le nôtre.

On décolle, on retrouve David en l’air et on file rapidement vers le Nord pour trouver un peu de soleil. Arrive au Grand Som, on trouve des gros thermiques, mais très sportifs : entre le SO qui est bien présent, et l’instabilité forte, les cisaillements sont importants, et c’est physique, il faut piloter, sans sur-piloter !

Direction la Scia, où on va perdre David, puis Daniel qui ne va pas se refaire car il arrive un peu bas et tout reste à l’ombre. Après une heure à raboter le déco, il pose à St Hugues. Les autres continuent sur la Dent de Crolles pour glisser en face Est sous les nuages, mais c’est de nouveau turbulent. On avance quand même direction le Granier, on glisse sur le Joigny puis l’Outheran. On repasse sur Aiguebelette avec un Beauvoir tout en douceur (ceux qui connaissent ce passage me comprendront…).

À Aiguebelette, les plafonds ne sont pas énormes, et on est plus que 3 en l’air et quand même fatigué par cette nuit et ce vol très sportif. Certains sont déjà rentrés, donc on décide de se diriger vers l’atterro et de finir cette après midi avec une bière tous ensemble plutôt que de tenter d’aller dans les Bauges.

Pendant ce temps, Daniel est remonté à la Scia et chemine vers le Granier. Mais la masse d’air est bien turbulente et il préfère se poser au col du Granier pour un dernier petit coup de stop vers Chambéry.

Quelque temps après, on est tous autour d’une table, en train de refaire le match et de boire une bière. On a pas bivouaqué dans le Vercors, mais l’aventure était vraiment excellente !

On espère que ce petit récit d’une aventure vous donnera envie de construire et réaliser la vôtre !

Bon vols et à bientôt pour de nouvelles histoires !

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